CHRIS ROBINSON BROTHERHOOD: Barefoot in The Head (2017)
Tandis que son frangin Rich exhume les Black Crowes en version big band avec The Magpie Salute, Chris Robinson et sa Fraternité (comprenant des musiciens talentueux dont Neal Casal à la guitare et au banjo) sortent un nouvel album aux influences diverses (folk, country, americana, pop seventies) et aux chansons qui font mouche. Dès le début, on est plongé dans une ambiance très seventies par le funky et swinguant « Behold the seer » avec un solo de guitare sympathique, une envolée de synthé psychédélique et un final à l’harmonica. Bien vu ! La construction mélodique de « She shares my blanket » surprend très agréablement. Chanson lente et mélancolique sur les couplets, elle s’accélère en rythme country sur les refrains avec un banjo en fond. Bien trouvé ! Clin d’œil à la British Pop des années 70 avec « Good to know » et ses claviers entêtants. Une guitare enrobée d’écho envoie un solo plein de feeling et le break « southern country » à la guitare se révèle de toute beauté en tranchant délicieusement avec l’esprit général du morceau. Finement joué ! Deux autres titres méritent également d’être soulignés : « Blue star woman » (avec son thème jazzy au piano et son solo de guitare échappé tout droit des « acid days » des seventies) et « Glow » (une ballade influencée par la musique des Appalaches avec guitare sèche et slide acoustique). Tout ceci est déjà très bon mais la Fraternité Robinson pousse son talent encore plus loin avec quatre titres vraiment excellents. L’ombre de Poco flotte sur « Blonde light of day » (une lente ballade aux accents country avec une pedal steel qui se lamente). Simplement génial ! L’extatique « Dog eat sun » vaut aussi le détour avec son intro magnifique (deux guitares acoustiques en panoramique, un piano éthéré et des nappes de claviers). Juste après, une six-cordes électrique lointaine et aérienne vient se rajouter à l’ensemble. À planer de bonheur ! « High is not the top » tape dans le registre de la country rapide avec les instruments adéquats (banjo, harmonica, guitare acoustique, contrebasse, caisse claire jouée aux balais) et un bon solo de gratte sèche. Fameux ! Enfin, ambiance sudiste garantie avec « If you had a heart to break » (une ballade country-soul à la Dickey Betts), ses refrains mélodiques très bien trouvés et son break marqué par la Pop 70’s. Superbe ! Avec ce sixième album de la Fraternité, Chris Robinson prouve encore une fois qu’il reste un compositeur inspiré et un musicien affûté sachant s’entourer de collègues de valeur. Un disque intense et subtil qui laisse entrevoir des contrées musicales insoupçonnées.
Olivier Aubry